Pêche aux Marquises : "On continue à mettre la charrue avant les bœufs", regrette Temaru


Oscar Temaru préconise de diminuer le coût de la vie aux Marquises afin d'attirer plus de monde, en marge de la construction d'un aéroport international.
FAA'A, le 30/05/2017 - Le président du Tavini Huiraatira s'est exprimé ce mardi sur le projet de pêche aux Marquises. Pour Oscar Temaru, la priorité serait de construire un aéroport international sur place, afin de faciliter l'exportation des poissons vers Hawaii ou le Japon. Une idée qui faciliterait les démarches et qui permettrait de développer le secteur primaire dans cet archipel. Et pour la réalisation de cet aéroport international, le Pays aurait les fonds nécessaires, mais encore faut-il prioriser les projets.

"Nous avons un budget d'investissement qui est de l'ordre de 35-36 milliards par an. Donc, il y a les moyens financiers pour pouvoir construire cet aéroport, il suffit juste de revoir les investissements qui ne sont pas indispensables, pour le développement à long terme de notre Pays". Le président du Tavini Huiraatira, Oscar Temaru, s'est exprimé ce mardi matin sur le projet de pêche aux Marquises.

Pour lui, l'ordre des étapes n'est pas respecté. Dans un premier temps, il faudrait construire un aéroport international aux Marquises afin que la "liaison aérienne et maritime avec Hawaii s'impose". "De ce que j'ai lu dans les journaux, c'est un système de pêche traditionnelle que l'on veut mettre en place, avec des bateaux pour aller pêcher, ensuite exporter ce poisson-là avec la compagnie aérienne Air Tahiti, et acheminer cela au Japon. Imaginez ensuite qu'il y ait une grève comme nous le voyons actuellement, eh bien le poisson va pourrir et ça ne sera plus commercial. Tous les jours, il y a plusieurs vols entre Honolulu et Narita ou Honolulu et Tokyo, avec plusieurs compagnies aériennes. Donc, ce sera une possibilité d'exporter ce poisson plus rapidement au Japon. Ensuite à Hawaii, il y a près de 8 millions de touristes par an, dont 95 % de consommateurs de sashimis, de sushis, de poissons frais. Donc, il nous faut nous rapprocher de ce marché, ça c'est l'exportation vers Hawaii", explique Oscar Temaru.

DÉVELOPPER LE TOURISME

Un projet qui pourrait, par la même occasion, développer le tourisme aux Marquises. "C'est sûr que ce ne sera pas un investissement qui sera rentable à court terme, ce sont des investissements qu'il faut voir à moyen ou à long termes. Mais ça sera rentable pour le développement de notre Pays."

Autre secteur qui pourrait être redynamisé, selon le maire de Faa'a, le secteur primaire. "Il y a un millier de terres qui appartiennent au Pays aux Marquises, qui sont en friches. Donc, la possibilité de faire de la transformation également de nos produits, régénérer la cocoteraie aux Marquises, les bananiers, le 'uru. On sait qu'aujourd'hui, la farine de 'uru sans gluten est très recherchée. Il y a la possibilité de faire de la bière avec, des frites, de la purée…"

"On continue à mettre la charrue avant les bœufs", regrette Oscar Temaru. Pour lui, il faut "qu'il y ait une volonté politique au niveau du gouvernement, et peut-être d'autres forces occultes qui veulent que notre Pays soit toujours tributaire sur le plan économique."

Oui, mais pourquoi n'a-t-il pas mis cela en place lorsqu'il était au pouvoir ? "Cela demande beaucoup de temps, j'ai eu le temps de me déplacer aux Marquises avec les parlementaires d'Hawaii, les hommes d'affaires. Nous sommes allés sur place, nous avons rencontré tous les tāvana et tout le monde était intéressé. Mais bon, quelque temps après, on a été renversé et on a connu l'instabilité historique dans notre Pays, en 2004-2014. Voilà aussi les conséquences de l'instabilité politique dans notre Pays", répond Oscar Temaru.

BAISSER LE COÛT DE LA VIE AUX MARQUISES


Le président du Tavini Huiraatira préconise aussi de baisser le coût de la vie afin d'attirer plus de monde aux Marquises.

"Je dirais une autre fiscalité pour les Marquises, et qui pourrait servir d'expérience. C'est-à-dire gagner moins et pouvoir donner du travail pour tout le monde. Diminuer le coût de la vie, et il ne s'agit pas simplement de baisser les salaires, mais le coût de la vie. J'ai des amis qui sont installés en Nouvelle-Zélande ou ailleurs aux États-Unis, qui gagnaient trois fois plus ici à Tahiti. Mais, quand ils ont vu le coût de la vie en Nouvelle-Zélande, et comment l'économie est organisée dans ce pays, le système éducatif… Ils se sont dit : on y va !"



Rédigé par Corinne Tehetia le Mardi 30 Mai 2017 à 16:03 | Lu 4274 fois